Observatoire des prix de grande consommation 2022

22 février 2023

Alors que s’ouvrira dans quelques jours la prochaine édition du « Salon de l’Agriculture » avec pour thématique « Notre quotidien, votre avenir », Familles Rurales publie pour la 16ème année consécutive, son Observatoire des prix de grande consommation.

Pour Familles Rurales, l’avenir tant des producteurs que des consommateurs implique d’engager une transition alimentaire qui n’a que trop tardé. L’année 2022 a mis à l’épreuve des millions de familles contraintes de faire face à des dépenses essentielles qui ont explosé avec des revenus qui ont rarement progressé dans les mêmes proportions. Le budget pour se nourrir a parfois constitué la variable d’ajustement pour boucler des fins de mois difficiles, trop souvent au détriment d’une alimentation saine, pourtant recommandée pour des questions de santé publique.

Les objectifs de cette édition ont donc consisté à :

  • Conscientiser auprès des familles et de nos décideurs les impacts sur notre santé des aliments avec lesquels nous remplissons nos paniers 
  • Donner aux consommateurs les clés de lecture pour opérer des choix éclairés particulièrement en cette période d’inflation
  • Sensibiliser les décideurs sur l’urgence de déployer un plan « manger sain, manger mieux » tant pour des raisons sanitaires qu’économiques

Nos principaux résultats :

+12% d’inflation annuelle sur les produits alimentaires selon l’INSEE qui tombe à « seulement » + 8,3% lorsqu’on privilégie les produits sains pour notre sante, +3,8% pour les légumineuses injustement boudées par les consommateurs

Une inflation exponentielle des produits alimentaires en 2022 selon l’INSEE : +12% entre octobre 2021 et octobre 2022, mais plus contenue pour les produits "sains" qui ont augmenté de 8,3%
Le choix des produits reste déterminant pour limiter les hausses tout en garantissant un bon équilibre alimentaire : les légumes secs n’ont augmenté "que" de 3,8%. Ils coûtent moins chers que la viande (+6,5%) tout en garantissant un bon apport en protéines.

 

S’alimenter conformément aux préconisations du PNNS (plan national nutrition sante) coûte entre 477€ et 1179€ tous les mois a une famille de 4 personnes (2 adultes – 2 enfants), il manque 65€ aux 9 millions les plus précaires pour y parvenir

Le prix moyen mensuel de notre panier « varié » pour une famille de 4 personnes s’élève à 734€ pour les premiers prix, 814€ pour les marques nationales et 1179€ pour le bio
Cette note tombe à 477€ quand on varie moins les produits tout en respectant le PNNS et le cycle des saisons
65€, ce qu’il « suffirait » d’ajouter au budget mensuel des familles vivant au niveau du seuil de pauvreté pour respecter le PNNS soit 7,2 milliards chaque année à mettre en regard des 20 milliards dépensés à soigner des pathologies, induites par une mauvaise alimentation, que l’on pourrait éviter

 

Carton rouge ! Cartons rouges

  • En Outre-mer les prix s’envolent, le même panier de produits y coûte près de 50% plus cher que dans l’hexagone 
  • Halte au suremballage : un lourd tribut tant pour l’environnement que pour le prix final payé par les consommateurs
  • Halte aux distributeurs et industriels qui cherchent à cacher le « vrai » prix des produits en jouant sur l’affichage ou la contenance 

 

 

Pour Familles Rurales, l’heure est donc à la responsabilité des acteurs :  
-  Celle du gouvernement qui doit investir dans un plan ambitieux autour du « manger mieux » tant en métropole qu’en Outre-mer portant sur plusieurs mesures à engager aussi vite que possible :

  • Consacrer une allocation de 65€ mensuels pour les ménages modestes
  • Impliquer davantage les professionnels de santé pour accompagner les parents dans leur rôle éducatif y compris après la phase de diversification alimentaire. En effet, si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement puisqu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement
  • Interdire les publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés et dont il est établi qu’elles en déclenchent en grande partie l’achat
  • Ouvrir les financements européens qui existent pour promouvoir les produits dont les enfants ont besoin pour « bien grandir » mais qui sont aujourd’hui réservés au cadre scolaire lequel ne dispose ni du temps ni de l’ingénierie nécessaires pour mener ces sensibilisations. Les associations investies sur ce sujet et qui souhaitent jouer un rôle doivent pouvoir le faire et prétendre elles aussi à ces financements disponibles mais très peu utilisés par la France .  
  • Exiger des distributeurs qu’ils proposent des paniers dont la composition demeure incertaine ne saurait suffire. Rappelons que « le panier des essentiels » mis en place par Frédéric Lefebvre, alors secrétaire d’Etat à la consommation, avec le soutien de la grande distribution en 2011, a été un échec. Il convient surtout d’investir dans la prévention et d’engager une transition alimentaire 

- Celle des distributeurs et industriels qui nous doivent une transparence sur la constitution des prix et auxquels il appartient de réduire les emballages délétères pour l’environnement et inutilement coûteux pour les consommateurs

Celle des consommateurs qu’il convient de mieux accompagner afin de les voir adopter les bons réflexes tant pour leur santé que dans l’intérêt des générations futures

La nôtre, en tant que premier Mouvement Familial, en informant les uns et en invitant les autres à l’action. Ainsi Familles Rurales interpelle ce jour au travers d’une lettre ouverte le Ministre de la Santé et de la Prévention (en téléchargement ci-dessous ) afin qu’il engage les actions nécessaires.